Les tourbières du Massif Central
On retrouve les tourbières dans les milieux humides. Elles se caractérisent par leur sol qui est constitué de tourbe, c’est-à-dire un sol très riche en matière organique d’origine végétale, peu ou pas décomposée, qui se compose de mousses accumulées appelées sphaignes. Les tourbières abritent une biodiversité très riche, c’est-à-dire une quantité très importante et très variée de faune, de flore et de micro-organismes. Les tourbières ne couvrent qu’environ 3% de la surface du globe, mais leur capacité d’absorption de carbone est bien plus importante ; c’est l’une des zones les plus efficaces en termes de stockage de carbone. On les retrouve dans de nombreux milieux : il existe en effet des tourbières arctiques comme tropicales. Elles se développent aussi en milieux tempérés, comme en témoignent celles du Massif Central. Les tourbes de milieux tempérés subissent une décomposition organique encore plus lente grâce aux températures froides.
Plusieurs facteurs sont requis pour maintenir le milieu tourbeux. Le sol doit être acide : ce peut être une acidité naturelle, comme dans les milieux tropicaux, ou auto-entretenue, comme dans les milieux plus tempérés grâce aux sphaignes. Cette acidité permet de ralentir la décomposition de la lignine, une biomolécule présente dans les algues. Les tourbières acides ont en outre la particularité de présenter une pauvreté trophique, c’est-à-dire avec des réseaux de chaînes alimentaires plutôt faibles. Les tourbières présentent aussi une flore particulière, qui peut se développer en pente afin de freiner les avancées d’eau : c’est le cas des roseaux.
La biodiversité des tourbières
Les tourbières présentent une riche biodiversité. Dans le cas des espèces animales se développant dans le Massif Central, on note notamment la présence de nombreux insectes et invertébrés : ainsi, lézards, grenouilles, araignées, mais aussi mouches et libellules ont développé des caractéristiques spécifiques afin de prospérer dans ces milieux humides. On note aussi la présence de rapaces et de hiboux.
Ce milieu humide spécifique n’offre pas beaucoup de nutriments pour le développement de la flore. On y trouve des plantes assez petites, qui peuvent être carnivores, comme la grassette commune ou le drosera à feuilles rondes. Le Massif Central possède la particularité d’offrir une large variété d’espèces végétales : par exemple, on peut y croiser des trèfles d’eau, des linaigrettes et des canneberges, mais aussi des gentianes, des swerties et des Carex, que l’on croise plutôt en altitude.
Menaces pesant sur les tourbières
Les tourbières jouent un rôle écologique de premier plan, notamment dans le cycle de l’eau. Elles régulent en effet les flux et permettent d’empêcher crues et inondations, car les eaux captées restent quelque temps dans les tourbières avant de continuer leur écoulement. En passant par ces milieux humides, ces eaux sont également assainies : les tourbières jouent en effet le rôle de filtres grâce à l’action de leurs végétaux. Économiquement, la tourbe sert également de combustible et d’absorbant naturel.
Les tourbières sont cependant menacées ; en Europe, plus de la moitié ont déjà été converties en surfaces agricoles (pour la moitié d’entre elles), reboisées (environ le tiers) ou simplement détruites pour devenir des routes ou des villes. Ces destructions restent la principale menace pesant sur les tourbières, mais il en existe d’autres, tout aussi dangereuses et pouvant causer l’extinction de cet écosystème particulier. Une surexploitation de la tourbe, par exemple, menace son cycle naturel de régénération ; or, cette matière organique est à la base de tout l’écosystème. L’assèchement de tourbières est également nocif, car en plus de détruire la tourbière elle-même, il perturbe le cycle de l’eau entier de l’environnement. Enfin, le rejet de matières polluantes dans les eaux en amont peut contaminer les espèces végétales comme animales qui évoluent dans les tourbières.