Les zones humides du Massif Central
Le Massif Central comporte des zones humides, un terme qui rassemble plusieurs biotopes, c’est-à-dire des lieux de vie qui rassemblent des caractéristiques physiques et chimiques plutôt similaires. On y trouve les bords de cours d’eau, de ruisseaux et d’étangs, les tourbières, les marais, et les mégaphorbiaies. Ces milieux particuliers ont longtemps été mal considérés : insalubres, dangereux ou simplement improductifs, ils ont souvent été asséchés, voire détruits, pour laisser la place à des surfaces agricoles, industrielles ou d’habitation. Pourtant, ces zones humides représentent un écosystème à part entière, avec des caractéristiques et des avantages propres, qu’il convient de préserver afin de s’assurer de la pérennité des services qu’ils rendent à l’environnement.
Qu’est-ce qu’une zone humide ?
Comme son nom l’indique, une zone humide est caractérisée par son rapport à l’eau, tant pour son fonctionnement propre que pour le développement de sa biodiversité animale comme végétale. Les caractéristiques d’un milieu humide, c’est-à-dire le degré d’immersion des terres, le degré de salinité des eaux et la composition nutritive des terres, fluctuent en fonction des conditions climatiques, géographiques et topographiques. Les définitions d’un milieu humide sont d’ailleurs tout aussi diverses. D’après le code français de l’environnement, un milieu humide est un terrain inondé ou gorgé d’eau douce, salée ou saumâtre de façon permanente ou temporaire, terrain qui peut être exploité ou non ; et la végétation se compose en majorité de plantes hydrophiles (c’est-à-dire de plantes pollinisées par l’eau). La convention Ramsar, qui date de 1971 et qui se rapporte à la Convention relative à la conservation et à l’utilisation rationnelle des zones humides et de leurs ressources, présente une définition légèrement différente : elle désigne comme zones humides les marais, tourbières ou étendues d’eaux douce, salée ou saumâtre, artificiels ou naturels, permanents ou temporaires, dont la profondeur n’est pas supérieure à six mètres.
Les mégaphorbiaies font partie des zones humides ; elles sont d’ailleurs aussi appelées friches humides et désignent des formations végétales serrées de grande hauteur (d’un à deux mètres) qui se composent principalement de grandes herbes. Parmi elles, on retrouve des aconits (dont certains sont très toxiques), des pigamons, des renoncules ou des impératoires, ainsi que des valérianes. Dans le Massif Central, on les retrouve principalement le long des cours d’eau du massif du Mézenc. Les prairies tourbeuses, ou landes humides, font aussi parties des milieux humides : on les retrouve sur les plateaux de l’Aubrac et du Cézallier, couvertes de nombreux joncs, canches et autres trèfles.
La biodiversité des milieux humides, définition et menaces
Les fluctuations connues par les zones humides en font des milieux très particuliers : les sols sont en effet très spécifiques et ont amené au développement d’une faune et d’une flore uniques. Les zones humides comptent parmi les écosystèmes et les milieux naturels les plus riches et les plus productifs de la planète. Ce sont aussi parmi les plus fragiles, et les espèces qui y vivent sont plus sensibles aux changements climatiques et aux dégradations environnementales. En 1994, un rapport français notait que la moitié des zones humides françaises avait déjà disparu en trente ans, tout en les qualifiant de « zones naturelles sensibles ».
Les zones humides, notamment celles en bordure de cours d’eau, ont toujours été un emplacement de choix pour les hommes, car elles sont très fertiles en plus de favoriser les flux et les échanges ; leur position géographique couplée à leur réputation insalubre a accéléré leur assèchement et leur curage afin d’y installer industries, habitations et surfaces agricoles. A l’heure actuelle, au-delà de ces assèchements massifs, les principaux risques qui planent sur les zones humides françaises sont la pollution de l’eau, la présence de parasites et d’espèces envahissantes, et les pressions humaines telles que la chasse et la pêche intensives et le tourisme.